Après des mois de tractations autour du poste de représentant de l’Union européenne dans la région des Grands Lacs, Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE, a finalement tranché, marquant ainsi la fin d’un processus mené sur fond de conflit entre la RDC et le Rwanda.
Publié le 23 juillet 2024
Le choix aura été plus laborieux que prévu mais Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, a finalement pris une décision. Alors que Bruxelles cherche depuis des mois à désigner un nouveau représentant spécial pour la région des Grands Lacs, à l’heure où nombre de dossiers à commencer par le conflit du M23 en RDC, accapare son attention, un candidat a finalement tiré son épingle du jeu. Le choix d’un ex ambassadeur en RDC
Selon nos informations, Josep Borrell a confirmé le choix du diplomate suédois Johan Borgstam pour occuper ce poste stratégique. Le chef de la diplomatie de l’UE en a informé les ambassadeurs des pays membres dans un courrier daté du 16 juillet et que Jeune Afrique a consulté.
Actuel ambassadeur de Suède en Grèce, Johan Borgstam dispose d’une certaine expérience sur le continent africain et dans la région des Grands Lacs. Ambassadeur de Suède en RDC de 2008 à 2011, il a par la suite occupé le poste de représentant diplomatique de son pays au Kenya entre 2012 et 2017, avant de servir comme ambassadeur de l’Union européenne en Éthiopie entre 2017 et 2021. Il va désormais occuper un poste laissé vacant depuis 2010, avec le départ du diplomate néerlandais Roeland van de Geer.
Tensions entre Kigali et Bruxelles
Sa nomination, qui doit être prochainement officialisée à l’issue d’une ultime confirmation, intervient à l’issue d’un processus tendu. Favori pour obtenir le poste, pour lequel il était préféré à la Finlandaise Pekka Haavisto, le Belge Bernard Quintin, qui fut lui aussi le représentant de son pays en RDC entre 2004 et 2007 avant d’évoluer au Burundi, s’est heurté à un blocage de dernière minute.
Comme le révélait nos confrères d’Africa Intelligence, si le diplomate pouvait compter sur le soutien de la plupart des États membres de l’UE il a, semble-t-il, fait les frais du refroidissement entre la Belgique et le Rwanda. Les relations entre les deux pays se sont détériorées dans le contexte de la guerre dans l’est de la RDC, où Kigali soutient les rebelles du M23, ce que Bruxelles dénonce. Le refus de la Belgique d’accréditer l’ambassadeur Vincent Karega, proposé par le Rwanda pour représenter Kigali à Bruxelles, a contribué à la crispation entre les deux pays.
Plusieurs sources diplomatiques confirment que Paul Kagame a manifesté son opposition à la nomination de Bernard Quintin à ce poste. Le président rwandais s’en est ouvert notamment à Josep Borrell suscitant, chez certains États membres, la crainte que cette hostilité vis-à-vis du candidat proposé par Bruxelles ne complique sa future mission. Une démarche perçue comme une « tentative d’immixtion » par plusieurs pays.
D’autres candidats ont par la suite émergé, dont Johan Borgstam. Paris a également proposé son propre candidat, en l’occurrence celui de l’ancien directeur Afrique du Quai d’Orsay, Christophe Bigot. Bien qu’il disposait de certains soutiens au sein de la diplomatie européenne, ce dernier n’a pas fait l’unanimité. La nomination d’un représentant spécial pour les Grands Lacs est considérée comme une étape clé à Bruxelles pour clarifier la stratégie de l’UE dans la zone. D’autres projets, comme l’ouverture d’une antenne à Goma, sont en cours de discussions sans avoir été encore actés.