30 janvier 1990 : À l’occasion de ses 25 ans de pouvoir, Mobutu lance les consultations populaires au Zaïre (Retour sur l’événement)


Par Benjamin Babunga

CE JOUR-LA..

30 janvier 1990, Mobutu lance les « Consultations Populaires » au Zaïre (à l’occasion de ses 25 ans de pouvoir), dans le souci de « solliciter l’opinion de la population, épargner au Zaïre les vagues de contestation qui soufflent sur tous les pays d’Afrique francophone ».

La charge de conduire les Consultations fut confiée au citoyen Mokolo wa Mpombo (ancien responsable de la sécurité et chargé de l’organisation du sommet de la francophonie de 1991). Il fut porté à la tête de l’organisation chargée de conduire les « Consultations Populaires ».

Mobutu décida de sillonner lui-même tout le pays et fut relativement bien accueilli. Il n’y eut ni insultes ni chahuts; mais partout aussi, les citoyens utilisèrent la liberté d’expression qui leur était offerte pour présenter poliment, mais fermement, leurs revendications.

Fonctionnaires, enseignants, médecins, journalistes, chefs coutumiers, étudiants rédigèrent des analyses de fond portant sur la situation du Zaïre et, au-delà de revendications purement corporatistes, se mirent à analyser en profondeur les causes du « mal zaïrois ».

Mokolo wa Mpombo et son équipe seront submergés par l’avalanche de mémorandums que les Zaïrois leur adressèrent : plus de 5.000, la plupart contresignés par des groupes de 50 à 200 citoyens regroupés par zones, par associations socio-professionnelles et par entreprises.

La plupart des mémorandums formulaient une critique radicale du régime, dénonçant non seulement les abus du système, mais le système lui-même. Etaient mis en cause :
-L’absence de séparation des pouvoirs;
-la concentration de multiples fonctions entre les mains du Président;
-Le fonctionnement des nombreuses forces de sécurité appelées « Securitate »;
-Le comité central du MPR qualifié de « budgétivore »;
-Les nominations « à caractère ethnique » ou le fait que des « personnes de nationalité douteuse » occupent des postes de responsabilités;
-obligation pour les dignitaires du régime de rapatrier leurs avoirs situés à l’étranger;
-Que le président mette fin à « la politique paternaliste consistant à distribuer l’argent liquide à travers le pays ».

Les Zaïrois demandèrent aussi la séparation du parti et de l’État, l’instauration du multipartisme, la transformation du MPR en un parti ordinaire n’émargeant plus au budget de l’Etat. Ils exigèrent que la dotation présidentielle soit désormais limitée à un montant précis.

Les « Consultations Populaires » durèrent du 30 janvier au 2 avril 1990. C’est à l’issue de ces consultations que Mobutu convoqua la Conférence nationale dont le but était que les citoyens du Zaïre se mettent ensemble afin de discuter et analyser la situation du Zaïre.

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